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Lettre à l'héroïne méconnue : « Je suis parce que tu es »



A toi chère sœur,


Tu as été longtemps ignorée, oubliée, sous-estimée, méprisée.


Tu as toujours travaillé sans relâche, sans récompense, sans reconnaissance et sans répit.


Ton travail et tes efforts comme le nettoyage, le vidage des poubelles, l’hygiène et l’hygiène intime aux autres ont été sous-évalués, dénigrés, perçus même comme dégoûtants, bien que ça redonne la dignité, le confort et le mieux-être.


Aujourd’hui, j’écris cette missive surtout pour toi femme et sœur noire, racisée, préposée aux soins, infirmière, nettoyeuse, cuisinière, réceptionniste, caissière, femme travaillant au sein des maisons de retraite, de soins de longue durée, dans des hôpitaux ou dans les résidences privées.


Où que tu sois et pour qui tu travailles, je veux te faire une révérence pour ton travail noble et généreux qui consiste entre autres à:

  • prodiguer des soins à nos ainé-e-s;

  • nettoyer et garder les installations propres et désinfectées;

  • passer des nuits de garde;

  • sortir quand tout le reste de ta maisonnée, de ton quartier et de ta ville est confiné et à l’abri;

  • braver la peur, le froid, la faim, la fatigue et le stress;

  • consoler, conforter, rassurer et accompagner tes client-e-s jusqu’au dernier soupir;

  • être la témoin impuissante des regards implorants des grands parents, des parents, des frères et sœurs, des époux et épouses de celles et ceux qui ne les reverront plus pour leur tenir la main une dernière fois!

La valeur de ce travail et de ce don de soi n’ont été hélas vraiment remarqués et réalisés que lors de l’attaque féroce et sans merci de la COVID-19! S’agit-il d’une vraie sonnette d’alarme déclenchée un peu trop tard et d’un tournant aussi dans l’histoire de cette profession jusqu’ici monopolisée sans concurrence aucune par les femmes noires et racisées? Il est difficile de le dire, mais ce dont je suis sûre, c’est que ton travail, ton engagement et ton dépassement de soi reflètent et continueront de refléter l’«UBUNTU», cette belle philosophie africaine (qui a été souvent employée par les Prix Nobel Mandela et Desmond Tutu) qui signifie: «JE SUIS, PARCE QUE TU ES». Ce message très profond pour toutes les générations devrait nous rappeler qu’il n’y a pas de métiers plus valables que d’autres ou de professionnel-le-s plus important-e-s que d’autres pour sauver des vies. Comment une classe, un groupe, une personne ou une race, peut-elle s’épanouir au dépens et au détriment des autres?


En ce Mois de l’histoire des Noir-e-s 2021, je te lance, chère sœur noire, un défi de repenser et de recourir à deux écoles de pensées: le féminisme solidaire et l’«Ubuntu».

La première, pour dénoncer et surtout revendiquer l’abolition de toutes les formes de discrimination envers les femmes noires, notamment celles ayant disproportionnellement affecté les femmes noires durant la COVID-19 et dont tu es témoin.


La deuxième, pour cultiver l’esprit et l’attitude «Ubuntu» partout autour de nous, auprès de nos employeur-e-s, de nos collègues, de nos client-e-s, de nos voisin-e-s et surtout, de nos leaders et décideur-e-s, car comme le dit si bien Maya Angelou: «I come as one, but stand for ten thousand».


Si la pandémie nous a permis de réaliser que chaque être humain est une part essentielle à toute l’humanité, il est possible et impératif de surmonter la suprématie, les injustices, les inégalités découlant du fléau du racisme!


Toi et moi, chère sœur, nous faisons un avec le reste de l’humanité et le proverbe zulu le souligne bien: «Un individu est un individu à cause des autres individus».


Courage encore et n’oublie pas que «JE SUIS PARCE QUE TU ES».


En toute solidarité,


Dada G. Gasirabo



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